Pénitencier : fléau des livraisons par drones

Pénitencier : fléau des livraisons par drones

DONNACONA | Le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN) réclame des efforts supplémentaires de la part de Service Correctionnel Canada (SCC) afin de lutter contre les livraisons de colis par drones, dans les pénitenciers du Canada. Afin d’étayer ses propos, l’UCCO-SACC–CSN a procédé à une simulation de livraison par drone, représentant le plus fidèlement possible ce genre d’opération.

Au cours des derniers mois, malgré l’interdiction de visites et le couvre-feu, les agents correctionnels de Donnacona ont réussi à intercepter en moyenne deux colis par semaine. « Ça, c’est ce qu’on voit. Le problème, ce sont toutes les livraisons qui nous échappent », indique Frédérick Lebeau, président de la région du Québec pour UCCO-SACC–CSN. Uniquement pour le mois de mai 2021 à Donnacona, huit saisies de drogue, cinq saisies d’armes, deux saisies d’alcool, quatre saisies de tabac et quatre saisies de cellulaire ont été faites. « 75 % de ce matériel est entré par drones », ajoute-t-il.

Courtoisie: Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN)

Un colis de livraison par drone qui a été saisi par les agents correctionnels du pénitencier de Donnacona.

Après des années de demandes répétées, Service Correctionnel Canada (SCC) procédera dans les prochains mois à l’installation de radars perfectionnés, voués à la détection de drones. Cependant, les nouveaux radars ne permettront de résoudre qu’une seule partie du problème, celui de la détection. L’étape d’interception demeure essentielle afin d’empêcher que le contenu des colis pénètre dans les pénitenciers.

Simulation

La simulation avait pour but de démontrer la rapidité de cette méthode et la dissimulation effectuée par les détenus. Le drone survole rapidement la cour intérieure du pénitencier pour lâcher sa livraison, souvent sous forme d’une balle. Seulement quelques secondes sont nécessaires aux détenus pour se diviser le contenu et le dissimuler. Il y a même des livraisons qui s’effectuent directement aux fenêtres des détenus. Le plus souvent, cela se fait le soir ou la nuit.

Simulation de la livraison d’un colis par drone dans la cour intérieure d’un pénitencier. Crédit: Stéphane Pelletier.

« Ça prend aussi 100 % d’interception »

Pour contrer ce fléau, les agents correctionnels exigent l’installation rapide de scanneurs corporels à l’intérieur de l’ensemble des pénitenciers. « S’il n’y a pas d’efforts mis sur l’étape d’interception, les radars ne serviront pas à grand-chose. On a beau avoir 100 % de détection, ça prend aussi 100 % d’interception et c’est là que le bât blesse. Les cavités corporelles sont priorisées comme endroits de dissimulation parce qu’en tant qu’agent de correction, on ne peut pas aller fouiller là. C’est pourquoi on propose l’achat de scanneur corporel comme on voit dans les aéroports », explique M. Lebeau.

On trouve de tout

La livraison par drones, particulièrement intense au pénitencier de Donnacona, s’est accélérée au cours des dernières années. « On trouve de tout ; de la drogue, des armes, des téléphones cellulaires, du tabac, etc. Tout ça vaut une fortune à l’intérieur. Les drogues et les armes font des ravages auprès des détenus et engendrent des flambées de violence entre eux et envers les agents correctionnels. Les cellulaires servent à communiquer à l’extérieur et à organiser les livraisons et le tabac a souvent pour effet d’endetter les détenus, ce qui a des répercussions néfastes », ajoute M. Lebeau.

« On a beau avoir 100 % de détection, ça prend aussi 100 % d’interception », illustre Frédérick Lebeau, président de la région du Québec pour UCCO-SACC–CSN. Crédit: Stéphane Pelletier.

La Loi C-83, adoptée aux Communes en 2019, prévoit l’installation de ces scanneurs. Malheureusement, deux ans plus tard, rien n’est finalisé. Pour l’instant, l’installation de deux scanneurs, des projets-pilotes, en Ontario et en Alberta est au programme. « Ce qui nous inquiète, c’est que les détenus là-bas auront le choix de passer au détecteur ou non. Nous attendons avec impatience le règlement qui viendra encadrer l’application de la loi. La détection devra absolument être obligatoire, sinon quelle sera l’utilité réelle de ce genre d’outil technologique ? », mentionne Frédérick Lebeau.

Des discussions préliminaires sur l’installation de toits sur les cours intérieures et la sécurisation des fenêtres des cellules sont aussi amorcées. La SCC prévoit installer cinq radars sur un total de 49 établissements carcéraux à travers le pays. Avec approximativement 300 détenus, l’établissement de Donnacona est le seul pénitencier au Québec où un radar sera installé.

Photo principale: Simulation de la livraison d’un colis par drone, directement à la fenêtre d’une cellule. Crédit : Stéphane Pelletier.

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