Gaële en spectacle à l'Angélus

Gaële en spectacle à l'Angélus

 
 
Pour son dernier spectacle de la saison 2010, l’Angélus Bistro accueillait Gaële, une jeune auteure-compositeure-interprète qui devrait faire parler d’elle au cours des prochaines années. Pour l’occasion, elle était venue présenter son deuxième album, «Diamant de papier».
Originaire de Haute-Savoie, dans les Alpes françaises, Gaële est une touche-à-tout qui pratique aussi bien la danse et le théâtre que le chant et le piano. Métis qui a adopté le Québec en 2000, elle l’est aussi par son parcours musical. En effet, elle est passée du classique, qu’elle a tâté durant ses études en musicologie en France, au jazz et à la chanson française, qu’elle a approfondis pendant ses années à l’UQAM. Le tout constitue donc une étoffe tissée d’une multiplicité de fils, riche en contrastes, en textures et en couleurs. En l’écoutant, on ne peut s’empêcher de penser à la chanteuse française Brigitte Fontaine, avec ses cris, ses murmures et sa poésie. Gaële est une excentrique au registre vocal impressionnant, à la voix souple  et qui ne cesse de surprendre les oreilles endormies.
 
Ce qui nous frappe d’abord dans ses pièces, c’est leur poésie. Une poésie abondante, toufue, déroutante et qui emprunte souvent au surréalisme. Gaële est sans aucun doute une excellente pianiste et une chanteuse qui maîtrise sa voix mais, chez elle, la musique, même si elle est pertinente en elle-même, est avant tout au service des mots.
 
Des mots qui peuvent émouvoir, comme avec la chanson «Sarah», dédiée à une amie disparue. Des mots qui peuvent aussi faire rire, on pense entre autres à «L’accent d’icitte», qui traite du parler québécois. Notons qu’elle a souvent mis sa maîtrise du verbe au service de nombreux artistes comme Marie-Pierre Arthur, Monica Freire et Line Renaud
 
On remarque aussi la pièce «Donnant, donnant», écrite avec François Grégoire du groupe de hip-hop québécois Kodiak. et «Ma lettre», écrite à Natashquan lors d’un atelier d’écriture offert par Gilles Vignault.
 
Il serait injuste de ne pas mentionner l’excellent travail que fait, à ses côtés, Yves Labonté. Le multi-instrumentiste l’accompagne avec réserve et équilibre, à la basse, à la contrebasse, aux percussions et au chant.
 
Toutefois, toute médaille, aussi brillante soit-elle, a deux faces. La voie aventureuse de l’éclectisme ne peut s’emprunter sans cahots, surtout par une aussi jeune artiste. En effet, le plaisir qu’on prend à écouter Gaële est inégal. Parfois, on a un peu l’impression de la perdre, ou, en tout cas, d’avoir de la difficulté à la suivre. Il ne faut toutefois pas lui en tenir rigueur car elle a le mérite d’essayer, entre sa première et sa dernière pièce, des choses très différentes. Quelques petites maladresses n’empêchent pas d’apprécier l’ensemble d’une prestation qui détonne devant la frilosité à laquelle la paysage musical québécois nous a habitués.



#Suivez-nous sur Instagram