Pont-Rouge : la Clinique Vétérinaire souffre d’un manque criant de main-d’œuvre

Pont-Rouge : la Clinique Vétérinaire souffre d’un manque criant de main-d’œuvre

Depuis de nombreux mois maintenant, la Clinique Vétérinaire de Pont-Rouge peine à recruter un deuxième vétérinaire ainsi que deux technicien(ne)s en santé animale (TSA). Ce manque de main-d’œuvre qualifiée commence à se faire durement sentir, l’établissement éprouvant de plus en plus de difficultés à offrir ses services comme il le voudrait.
Lorsque l’on parle de pénurie de main-d’œuvre dans Portneuf, on évoque souvent le secteur agricole, le secteur manufacturier ou encore l’éducation.
Toutefois, d’autres secteurs sont également touchés de plein fouet.
À Pont-Rouge, la Clinique Vétérinaire rencontre toutes les peines du monde à trouver du personnel qualifié. « On a tout essayé, se désole Dre Barbara LaRue*, propriétaire et fondatrice de l’établissement. On a affiché des annonces partout, on a contacté Emploi Québec, inondé les réseaux sociaux et même réalisé une vidéo. »
La situation stagne depuis près d’un an. Présentement, deux TSA sont en congé de maternité et la clinique ne parvient pas à compléter son équipe. « On fonctionne avec seulement trois techniciennes alors qu’il nous en faudrait au moins cinq, sans parler d’un deuxième vétérinaire », précise Dre LaRue.
clinique_veterinaire_pr1

La clinique manque de personnel.

« On est contraint de diminuer nos services, enchaîne-t-elle, non pas faute de clients, loin de là, mais en raison du manque d’employés. »
Avec la période estivale en général plus chargée, la pression devient quasi intenable pour la clinique, qui se voit parfois contrainte de diriger ses clients ailleurs.
Toute la région concernée
La Clinique Vétérinaire de Pont-Rouge est loin d’être un cas isolé. Dans la région de la Capitale-Nationale, on ne compte plus les offres d’emploi dans le domaine de la santé animale, aussi bien pour des postes de vétérinaire ou de TSA.
À l’urgence du Centre vétérinaire Daubigny à Québec, le poste de vétérinaire est vacant, ce qui implique que toutes les cliniques référantes doivent y compléter des heures. Une soixantaine de vétérinaires s’y relaient ce qui diminue leur disponibilité pour exercer dans leurs cliniques respectives.
Pourquoi une pénurie ?
En premier lieu, comme l’a récemment indiqué l’Institut économique de Montréal, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement dans la province résulte en grande partie d’une baisse importante du nombre de personnes de moins de 45 ans.
Concernant plus précisément la santé animale, en plus du virage démographique, Dre LaRue avance deux explications.
Selon elle, la féminisation de la profession implique une réalité différente avec laquelle il faut composer. « Lors des congés de maternité, on a presque deux années à combler », fait-elle remarquer.
Pour ce qui est des TSA, une étude réalisée par Emploi-Québec en 2015 révèle que le métier est occupé par des femmes à plus de 93 %, et composé surtout de jeunes puisque près de 90 % ont moins de 45 ans.
Outre la féminisation, la propriétaire de la clinique évoque des attentes plus hautes concernant la qualité de vie. « En 2018, on ne travaille plus 50 ou 60 heures par semaine comme je le faisais il y a 20 ans, explique-t-elle. Les employés s’attendent à une certaine qualité de vie et cela tourne beaucoup plus autour de 35 heures par semaine. »
Lueur d’espoir
Ouverte en novembre 2006, la Clinique Vétérinaire de Pont-Rouge est unique selon Dre LaRue : « Les employés y tissent de forts liens. J’ai toujours accordé une grande place à l’humain, on est presque comme une grande famille. De plus, c’est un endroit où l’on peut rapidement se voir attribuer des responsabilités, grandir au niveau personnel, sans parler du cadre exceptionnel et enchanteur de la région de Portneuf. »
clinique_veterinaire_pr3

La clinique a été ouverte la première fois en 2006.

* À l’heure actuelle, Dre LaRue est elle-même incapable de pratiquer pour des raisons de santé.


 
Le métier de technicien(ne) en santé animale
« Pour une drôle de raison, dans la tête de plusieurs personnes, on dirait que le métier de TSA se résume à tenir l’animal, mais c’est très loin d’être ça », lance Dre Barbara LaRue.
Selon elle, les TSA s’apparenteraient à un hybride entre assistante dentaire et « super infirmière ».
« C’est un métier contingenté qui nécessite un diplôme de niveau collégial en technique de santé animale », poursuit-elle.
Catherine Courteau-Mergeay, qui a travaillé comme TSA au Zoo de Granby et à la clinique de Pont-Rouge, raconte : « Aucune journée ne se ressemble. Les tâches sont variées. On peut être en consultation, remplir des dossiers, établir des estimations, préparer un animal pour sa chirurgie ou faire des prélèvements sanguins. »
Selon la jeune femme, les qualités requises sont le travail d’équipe, l’autonomie et l’habileté manuelle. « Il faut aussi être passionnée, car on sait quand la journée commence, mais pas quand elle se termine », ajoute-t-elle.
Catherine indique que les offres d’emploi sont nombreuses pour les TSA. Elle explique : « Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, on était 25, mais la moitié ont fait le choix de poursuivre leurs études à l’université, en biologie par exemple, et d’autres se sont réorientés. Il ne manque pas de diplômés, il manque seulement de personnes qui en fin de compte vont faire le métier, et la demande est grande puisqu’au fil des années, les vétérinaires se sont rendu compte que les TSA devenaient presque indispensables. De plus, on ne peut nier qu’il y a de plus en plus d’animaux, et la population est davantage sensibilisée à l’importance des soins. »

#Suivez-nous sur Instagram