Règlement sur les eaux usées : Aliksir estime que les toilettes sèches sont écartées, Michel Matte pense le contraire

Règlement sur les eaux usées : Aliksir estime que les toilettes sèches sont écartées, Michel Matte pense le contraire

« On nous a annoncé une ouverture aux toilettes sèches comme alternative aux installations septiques onéreuses, mais, concrètement, le règlement ne le permettra pas ». Voilà ce que Lucie B. Mainguy, présidente et cofondatrice d’Aliksir, a déclaré à l’issue de la consultation publique qui a été menée sur le nouveau projet de règlement modifiant le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2, r.22).

Lucie B. Mainguy, qui rappelle que « la toilette [à chasse d’eau] est responsable de 95 % de la pollution nocive à l’eau », a dit croire que « le gouvernement doit permettre des solutions beaucoup plus économiques et écologiques ». Pour elle et son équipe, la toilette à compost compte parmi ces solutions et cela explique pourquoi Aliksir invite le gouvernement à faire preuve d’une véritable ouverture face à ce type d’équipement.

Du mémoire qu’a déposé Aliksir dans le cadre de la consultation, on retiendra d’abord la phrase suivante : « Nous sommes particulièrement surpris et déçus du fait que, dans sa forme actuelle, le Règlement écarte complètement la possibilité pour une résidence équipée exclusivement de toilettes à compost (une telle résidence ne produit donc plus des eaux usées, mais des eaux grises), de se soustraire au moins en partie de l’application du Règlement Q-2, r.22 sur l’évacuation et le traitement des eaux usées ».

Il est également intéressant de souligner que l’entreprise qualifie l’annonce de la possibilité d’utiliser des toilettes à compost de « fausse  » bonne nouvelle  » ». Il en est ainsi,  estime-t-elle, car « le gain économique pour les particuliers à court et moyen terme est nul, ce qui ne favorise pas l’adoption des toilettes sèches et conduit à l’annulation d’un gain environnemental potentiel ». « Dans sa forme actuelle, le projet de règlement permet la toilette à compost, mais obligatoirement jumelée à un dispositif de rétention des eaux ménagères à vidanges périodiques », se désole Aliksir. Puisque « ces eaux ne pourront être acheminées vers des champs épurateurs appropriés » et que le règlement force sans justification l’usage d’équipement beaucoup plus coûteux, les auteurs du mémoire croient donc qu’il est « faux et trompeur de prétendre à une proposition alternative écologique et économique ».

Comme Aliksir considère que les « effets pervers des dispositions prévues par le Règlement sont à ce point importants qu’ils compromettent la concrétisation des orientations du gouvernement », vous aurez deviné que l’entreprise propose à ce dernier de « joindre l’acte au discours […] en adoptant un mode de réglementation fondé sur une réelle conception d’habitat circulaire ». Pour y arriver, soutient-elle, « le premier geste à poser dans cette démarche est évidemment de retirer les empêchements et limitations inutiles en vue de réellement permettre la mise en place de toilettes à compost dans les résidences isolées et d’y intégrer plus d’éléments de contenu du type de celui qui s’applique à l’article 6 ». Ce dernier prévoit la valorisation des boues ou autres résidus.

Les plus curieux d’entre vous aimeront certainement consulter le mémoire qu’a déposé Aliksir dans le cadre de la consultation publique qui a pris fin le 19 juin dernier. Pour ce faire, visitez le http://www.lorangebleue.biz/docs/Aliksir_memoire_fin4.pdf.

Il importe finalement de préciser que l’équipe d’Aliksir fabrique des huiles essentielles et qu’elle a récemment mis au point un concept novateur de toilettes sèches utilisant ses résidus végétaux de production. En 2011, un prix Phénix de l’environnement a été décerné à l’entreprise.

Réaction du député Michel Matte

En avril dernier, on se souviendra que le député Michel Matte a dit accueillir favorablement le projet de règlement qui permettra aux intéressés d’installer un cabinet à terreau sur leur propriété. Considérant que ces derniers devront tout de même se doter d’un réservoir pour les eaux ménagères et que la capacité des installations septiques ne sera pas ajustée en conséquence, nous lui avons demandé s’il croyait, tout comme Aliksir, qu’il « est « faux et trompeur de prétendre à une proposition alternative écologique et économique ».

À cette question qu’InfoPortneuf lui a posée maintes fois, lors d’un entretien téléphonique, M. Matte a fini par répondre qu’il n’était pas capable de confirmer si c’était une proposition économique, mais qu’il considérait qu’elle était écologique. Il en est ainsi, selon lui, car la possibilité d’installer une toilette sèche constitue « un pas » dans la bonne direction. En ce qui a trait à l’obligation d’avoir un réservoir pour les eaux ménagères, le député a dit que c’était nécessaire. « On ne peut pas rejeter les eaux grises dans la nature », a-t-il argué. Quand nous lui avons fait remarquer qu’il était possible de gérer ces eaux à l’aide d’un champ d’évacuation, ajoutons qu’il a dit « qu’avant de se garrocher, on va regarder ce qu’on fait avec ça ». Il a notamment dit craindre les risques que ce type d’installation pourrait avoir sur la santé de la population.

Ici, il est intéressant de souligner qu’Aliksir soutient que « le blocage systématique de la popularisation des toilettes sèches en n’offrant pas (au moins dans les situations les moins à risque) la possibilité de gérer les eaux grises par un champ d’évacuation (ou mieux, par un système simple, écologique et abordable de pédo-épuration) est globalement beaucoup plus dommageable à court et long terme pour l’environnement que la pollution qui serait « peut-être » causée par des eaux grises de résidences disséminées sur le territoire ».

Questionné à savoir s’il était confiant que le mémoire déposé par Aliksir allait faire évoluer le projet de règlement modifiant le Q-2, r.22, Michel Matte s’est contenté d’affirmer qu’il « faut attendre le rapport d’analyse ». Le député nous a dit qu’il devrait avoir plus de détails à ce sujet lors du caucus présessionnel qui sera tenu en août prochain.

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Lors du Forum sur les eaux domestiques, lequel a été tenu en mai 2015, la présidente et cofondatrice d’Aliksir Lucie Mainguy de même que le député Michel Matte (les deux sont au centre) ont participé à l’inauguration d’une toilette sèche. (Photo extraite de la page Facebook du Comité organisateur du forum)

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