Au-delà de la chasse : De l’émotion en partage

Au-delà de la chasse : De l’émotion en partage

SAINT-RAYMOND | C’est sous une salve d’applaudissements bien nourris que le chroniqueur, guide et conférencier chasse et pêche Michel Therrien a fait son entrée sur la scène du centre multifonctionnel Rolland-Dion, le 3 décembre dernier. Derrière quelques films de haute qualité et forts en apprentissages, mais aussi robustes en émotions, se préparait aussi une forme d’hommage au Raymondois William Alain, chasseur tétraplégique, qui aura mis quatre saisons de chasse pour obtenir son premier trophée, une aventure qui a fait l’objet de la deuxième partie de la soirée.

Une soirée qui se préparait dans l’émotion

Avant le début de l’évènement, qui s’est élaboré en collaboration étroite avec la Ville de Saint-Raymond, Michel Therrien, fort de plus de 20 ans en production cinématographique, nous livrait son sentiment général.

« Le contexte des contraintes actuelles nous a tous amenés à prendre une pause et il en est ainsi pour tout le monde de l’industrie au niveau des activités liées à des rassemblements, donc c’est un grand bien-être de retrouver le public ce soir.  Parce qu’il vient un temps où toute l’énergie et la rigueur dont tu as su faire preuve au travail, tu as envie de les partager avec le public », reconnaît le conférencier.  Il ajoute quelques réflexions : « Ça me fait penser au premier lancement de livre que j’ai fait.  Je l’avais lu, relu, retourné sous tous les angles possibles, il vient un moment où il faut passer à l’action suivante.    Ce soir, on a même ajouté un cinquième film, frais monté d’hier par l’équipe.   C’est donc une grande fierté de présenter ces films au public raymondois » affirme-t-il.

Le goût pour la chasse et la pêche ne viennent pas d’hier pour Michel Therrien.  « La façon dont j’ai grandi y est pour beaucoup.  J’ai toujours voulu mettre la nature en valeur, peu importe la plate-forme dont je me suis servie, je me suis toujours demandé ce que je pouvais faire de plus.  Pour moi, c’est d’amener le bois aux gens, pour les milliers de personnes qui ne viennent pas au bois avec moi.  C’est un exercice de communication, d’intensité, de partage, mais aussi un grand défi de livrer l’émotion qui accompagne l’activité, qui est toujours au rendez-vous.

Pour William Alain, chasseur natif de la région, et pour Mélanie Dion, originaire de Saint-Raymond, qui est derrière la production de la série télé « Terre nourricière », avec Michel Therrien à la coproduction, l’émotion est à son comble quelques minutes avant d’entrer en scène. Michel Therrien explique : « Notamment, je n’ai jamais vu William aussi excité et allumé qu’en ce moment.  Il faut savoir que notre équipe a jeté son dévolu sur lui.  Partir chaque fois avec une équipe de tournage revêtait quelque chose d’inoubliable pour William et ce soir, en rendre compte dans un film qui relate son histoire, dans son patelin, retracer ce chemin, ce parcours jalonné d’obstacles, c’est quelque chose de grand pour lui et pour cause, et c’est là la beauté du film au-delà de la chasse qui sera présenté en deuxième partie :  L’émotion palpable et grandissante tout au long de la présentation », reconnaît le conférencier.

Avant de retourner à ses occupations d’avant-spectacle, Michel Therrien prévient : « Ce soir c’est un film de chasse, mais ce n’est pas que ça.  On parle du film de Will comme un film sur l’amour, la dévotion, la bienveillance et beaucoup de ces sentiments de partage et d’intensité teintent aussi les productions qui seront présentées ce soir en avant-première.  L’enrobage de la famille, la façon dont on a pris soin de William, c’est un conte de Noël, un vrai, » explique-t-il.    Après cette entrevue, la soirée s’annonçait des plus prometteuses.

Michel Therrien a reçu cette œuvre réalisée par l’artiste Réjean Cayer en gratitude de ses actions et ses accomplissements auprès de William Alain. Crédit: courtoisie Marie-Andrée Guilbault

Des films variés à zones sensibles.

Dans l’une des productions cinématographiques, il est question de la chasse à l’orignal au célèbre lac Walker sur la Côte-Nord, dans la réserve faunique de Port-Cartier-Sept-Îles où l’on découvre un décor à couper le souffle.  Le lac, d’une longueur de 33 km, est le plus profond répertorié au Québec, avec ses quelque 280 mètres de profondeur, sillonnant des falaises qui atteignent 200 mètres de hauteur.  « On a joué les aventuriers avec la gang de Chasse Québec », reconnaît Michel Therrien.  « On peut se demander si on est encore au Québec tant le dépaysement est grand! », rajoute-t-il. On a pu assister à de belles prises, mais, comme pour toutes les productions présentées durant la soirée, l’équipe de Michel Therrien a réussi à nous faire ressentir ce qui se trame dans l’esprit du chasseur, au-delà de la capture : Des sentiments partagés entre la responsabilité, l’humilité, la légitimité, la reconnaissance, la fierté, etc.  De bien grandes réflexions portées à l’écran par le génie du caméraman et coréalisateur Émile David, qui forme équipe avec Michel Therrien depuis maintenant près de 5 ans.

Il en sera de même des autres productions qui seront présentées dans la première partie de la soirée.  Saviez-vous que des maîtres fauconniers, participent activement à la chasse à la perdrix?  En effet, sur les avant-bras de maîtres fauconniers, ces faucons sont à l’affût des mouvements et envolées de perdrix qu’ils interceptent!  Encore ici, la production laisse largement place aux sentiments qui habitent les maîtres fauconniers, dont le lien avec l’oiseau, qui remonte à des temps millénaires.

Pour sa part, la chasse à l’ours devient de plus en plus populaire.  Sa viande constitue actuellement celle que les chasseurs préfèrent parmi les viandes sauvages, test à l’appui!  L’équipe de Michel Therrien en a profité pour montrer comment Charlot Therrien, fils de Michel, a fait ses premières armes dans la chasse à l’ours.  Il fallait lire la fierté sur le visage de Charlot à l’écran pour comprendre la valeur du reportage, fort en émotions.  Il n’y a pas que la chasse dans ces productions, il y a du sentiment, celui du partage, de la réussite, de la gratitude, etc.  Une production à voir.

Enfin, il fut également question de la chasse aux dindons sauvages, une chasse de relative proximité entre le chasseur et sa proie.  Encore ici, ce que les producteurs ont mis en évidence, c’est moins la façon dont on abat un dindon sauvage que la fierté qui teinte les chasseurs, leur gratitude envers la nature.  Dans ces productions, nous sommes, il va sans dire, « Au-delà de la chasse ».

Une deuxième partie en hommage à William Alain

La deuxième partie de la soirée fut l’occasion pour l’équipe de Michel Therrien de présenter le film sur l’aventure singulière de William Alain, un Raymondois qui malgré ses limites physiques, ne se laisse pas impressionner par les contraintes et avance dans la vie tel un exemple et un modèle pour plusieurs.  « Quand tu te plains pour un ongle incarné, tu regardes William Alain, et tu te tais », fait remarquer Michel Therrien avec justesse.

Le film relate les quatre saisons de chasse qu’il aura fallu pour que William obtienne son précieux trophée, à partir d’une technique de chasse qui, à cause de sa tétraplégie, implique son nez et sa bouche.  Grâce au laser, ils sont passés si près du but, parfois si loin, mais jamais ils n’ont fait preuve de découragement.  On parle de ses amitiés, on est témoins de sa détermination et on assiste, grâce à un système de guidage par caméra, à la capture de la bête, le fameux objectif inachevé de William qui devient maintenant réalité.  La salle est visiblement sous le coup de l’émotion lorsque la vidéo présente William et son précieux chevreuil.    On y voit tant d’amour, d’implication familiale, d’amis également, le film est pour le moins saisissant.  La scène est d’une émotion pratiquement incontournable.

Michel Therrien avait ce message pour William Alain : « Quand tu es arrivé dans ma vie, avec ta détermination, ta bienveillance, ton attitude de toujours se dire ‘on va faire mieux’, j’ai compris que la planète a besoin de William Alain, de gens comme toi, juste pour remettre qui nous sommes en perspective.  Ce film-là, je te le donne, je le donne à tes parents et à ta famille », dont l’implication est totale.  « Merci de faire du bien autour de toi », s’exprime Michel Therrien dans un élan d’hommage teinté d’émotions.

« Vous me poussez à faire plus, à me dépasser et j’espère pouvoir encore vous faire vivre longtemps des émotions à travers mes aventures, a déclaré William Alain, entre des salves d’applaudissements qui n’en finissaient plus.  Le cœur serré, la gorgée nouée, mais dans un élan collectif, le public fut particulièrement lent à quitter la salle, comme s’il avait encore besoin de donner de l’amour à cette soirée, à celles et ceux qui l’ont imaginée.  Le mot de la fin est revenu au grand ami de William et caméraman au projet, Émile David : « Will, tu fais partie de la gang! ».  Quelle soirée !

Photo principale: Michel Therrien s’adressant à son public entre deux projections. Crédit: courtoisie François-Xavier Cloutier / Marjorie Lavoie.

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