Des citoyens s’unissent pour sauver le lac Sergent

Des citoyens s’unissent pour sauver le lac Sergent

SAINT-RAYMOND | Depuis 2018 le Conseil du bassin versant de Lac-Sergent (CBVLS), la Ville de Lac-Sergent et les citoyens luttent afin d’enrayer la prolifération du myriophylle à épis. « C’est le combat des citoyens pour sauver leur lac et pour essayer d’améliorer les conditions de leur lac », souligne le maire de Lac-Sergent, Yves Bédard.

Depuis trois ans, le CBVLS planifie et concrétise l’épandage de toiles de jute sur le fond du bassin. Cette méthode a pour but de contrer la multiplication du myriophylle à épis dans certains secteurs du lac. Plus de 30 bénévoles participent à l’opération annuelle qui se déroule au printemps. Il est d’ailleurs nécessaire d’attendre que l’eau soit à plus de 8 °C et que la période de frai soit terminée. Cette année, avec l’arrivée prématurée du printemps, les procédures ont été devancées à la semaine du 1er juin. « Cela nous a permis d’étendre les toiles plus facilement, car le myriophylle n’était pas à son plein potentiel, il n’était pas à sa pleine grandeur », affirme M. Bédard.

Un secteur de 145 000 pi2

Le principe est simple et la technique utilisée par l’équipe d’épandage est très efficace. À l’aide d’une barge remorquée par deux chaloupes, la toile de jute est positionnée sur le lieu de son déploiement. Ce secteur de 145 000 pi2 a préalablement été cartographié. Plus de 50 % de l’herbier aquatique au sol a été identifié comme étant du myriophylle à épis. Le positionnement de la barge se fait en fonction du certificat d’autorisation.

Par la suite, la toile de jute glisse lentement de la barge pour se diriger vers le fond du lac. Des sacs contenants de la pierre calcaire  sont alors jetés sur la toile pour l’aider à couler et la maintenir en place. Deux plongeurs sont présents pour s’assurer du bon positionnement de la toile sur le fond du bassin.

Une barge permet de positionner la toile de jute dans le secteur visé par le certificat d’autorisation. Crédit: Stéphane Pelletier.

La méthode pour épandre les toiles est le résultat d’une concertation des bénévoles. La première année, seulement trois toiles ont été déployées en une semaine de travail. L’an denier, l’opération a été freinée par la pandémie, mais en seulement deux matinées, les équipes ont été capable d’étaler six toiles. Cette année, 60 000 pi2 seront recouverts. Cela représente 20 toiles de 3000 pi2.

L’an prochain, 20 autres toiles vont s’ajouter afin de compléter le déploiement dans le secteur concerné par le certificat d’autorisation du Ministère l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. « On obtient 80 % d’exactitude sur le positionnement des bâches. On fait un peu plus de superposition pour s’assurer qu’on couvre complètement le secteur », précise Yves Bédard.

La toile de jute est déployée et des sacs de pierres calcaire sont jetés dessus pour la maintenir au fond du lac. Crédit: Stéphane Pelletier.

Propagation par fragmentation

Les endroits où il y a le plus de myriophylles à épis sont ceux où il y a le plus d’embarcations. La circulation entraîne la fragmentation et par conséquent, la multiplication de la plante. Cette propagation se fait également par les racines, les fleurs et les graines. Sur le lac Sergent, le principal secteur concerné est celui qui fait face à la plage de l’ancienne base plein air.

Étouffer le myriophylle à épis

Le jute est une fibre naturelle qui se désagrège sur une période de trois à cinq ans. Sa fonction est d’étouffer le myriophylle à épis pour ensuite favoriser la réintroduction des colonies de plantes indigènes. « On ne pourra jamais venir à bout du myriophylle, mais le but est de le contrôler dans les endroits névralgiques où il y a de la circulation et de la fragmentation », explique la biologiste et technicienne en milieu naturel de la CAPSA, Héloïse Drouin.

Le coût des toiles de jute est de 400 $ l’unité et elles sont assemblées par une entreprise montréalaise. Plusieurs bénévoles ont aussi contribué au pliage des toiles et au remplissage des 900 sacs de pierres calcaire qui ont été utilisés pour les maintenir en place.

Cette année, 20 toiles de 3000 pi2 seront déployées par les bénévoles. Crédit: Stéphane Pelletier.

D’autres mesures

L’an dernier, la CAPSA a procédé à la caractérisation complète de tous les herbiers aquatiques dans le but de dresser un portrait global du lac. « On a pu identifier toutes les zones où il y a plus de 50 % de myriophylle à épis », indique Mme Drouin. Les prochaines décisions vont se prendre par les gens du CBVLS et la Ville de Lac-Sergent. D’autres mesures, comme l’arrachage, pourraient être considérées.

Par ailleurs, au cours des trois dernières années, les résidences concernées ont procédé à la mise aux normes de leur installation septique. « Sur 340 installations septiques qui devaient être changées, il n’en reste juste que 30 à remplacer et elles font partie d’un projet qu’on attend à l’automne », conclut M. Bédard.

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