Agriculture: Quand les déchets incommodent

NEUVILLE | Si pour plusieurs l’arrivée du printemps signifie chaleur et beau temps, il en est tout autre pour les producteurs agricoles. La fonte des neiges leur réserve de bien mauvaises surprises : de nombreux déchets dans leurs champs et les fossés. C’est donc un cri du cœur que lance Demsey Côté, producteur laitier de Neuville et président de l’Union des Producteurs agricoles (UPA) de Portneuf.

Des déchets dans ses champs et dans les fossés adjacents, M. Côté en a vu, mais depuis le début de la pandémie c’est de mal en pis. La pratique des mets à emporter étant à la hausse, il n’est pas étonnant de constater que les automobilistes s’en donnent à cœur joie en jetant leurs déchets par la fenêtre de leur voiture. « Dans nos fossés, dans les bordures de champs proches de ces installations [de restauration rapide], on le voit tout de suite que ça s’accumule et qu’il y en a de plus en plus », déplore Demsey Côté.

« Je ne comprends pas que le monde ne soit pas capable de se conscientiser et de se dire que ça ne va pas dehors dans le fossé, que ça va aux poubelles ou au recyclage », ajoute-t-il.

Retarder la saison pour faire le ménage

Le début du beau temps signifie également le retour au travail pour la plupart des producteurs agricoles. Chose certaine, ce n’est pas de gaieté de cœur que le ramassage de déchets vient s’annexer aux tâches régulières année après année. « Les agriculteurs, on n’est pas du monde qui se cherche de l’ouvrage, on en a en masse. […] Je suis obligé de faire le ménage pour les autres avant de commencer la saison. […] Ce n’est pas une tâche qui devrait se faire », signale M. Côté.

« On n’a pas le choix au printemps avant que les semences commencent. […] On fait les premières bordures près des chemins. […] On fait le ménage des cochons qui se laissent traîner », lance le président de l’UPA de Portneuf.

Les canettes d’aluminium : fatales pour les animaux

Parmi tous les déchets jetés par les fenêtres, ceux qui mettent en danger la santé des animaux des producteurs agricoles ce sont les canettes d’aluminium. « On trouve toutes sortes de choses […], mais ce qui nous agace le plus c’est vraiment les canettes d’aluminium qui vont se ramasser dans les champs de foin et qui se font déchiqueter par la machinerie qui récolte le foin. […] Ça l’embarque dans le fourrage et les morceaux deviennent tellement petits que c’est quasiment indétectable », explique M. Côté.

Une conséquence qui peut engendrer de graves blessures pour l’animal ou encore être fatale. « Ça apporte des gros problèmes et des gros coûts. […] L’aluminium, c’est ça qui nous choque le plus, parce que ça touche directement les animaux », renchérit-il.

Sensibiliser la population

Malgré le fait que les déchets s’accumulent davantage, le producteur laitier de Neuville ne croit pas avoir atteint le point de non-retour. Selon lui, les gens n’ont pas conscience des conséquences qu’engendre l’action de jeter leurs déchets au beau milieu de la route. « Je pense que les gens sont de plus en plus insouciants. […] C’est un phénomène qui est hors de notre contrôle, mais qui est en même temps très facile à contrôler. Il faut juste que le monde soit intelligent. Je pense qu’il n’y a pas un point de non-retour, c’est juste de la sensibilisation », estime M. Côté.

« Il faut avoir espoir quand même, mais je suis découragé des Québécois. C’est une mentalité un peu stupide de tout jeter par la fenêtre pour avoir leur voiture propre et de ne pas se soucier de ce qu’il y a dans les fossés et dans l’environnement. […] Ça ne leur incombe pas grand-chose, c’est ça qui est le plus gênant », dénonce le producteur laitier.

Photo principale: Courtoisie, UPA Portneuf