Garde Julien n’est plus

Garde Julien n’est plus

SAINT-RAYMOND | Garde Julien, comme on l’appelait, n’est plus. Mme Françoise Julien Roberge a rendu son dernier souffle le dimanche 22 novembre à 22 h 10, à l’âge de 91 ans au CHSLD de Saint-Raymond.

Cette grande dame aura apporté une contribution de premier plan au monde de la santé portneuvois.

Formée à la profession d’infirmière à l’Hôpital Sainte-Jeanne-d’Arc de Montréal au début des années 50, Françoise Julien œuvra pendant trois ans dans une maternité privée de la région montréalaise.

En 1956, Mme Julien Roberge prenait la relève de Mme Albertine Bédard Paquet, qui depuis un an s’occupait d’une maternité de sept lits connue sous le nom d’Hôpital Sainte-Marie, à Saint-Raymond.

La jeune infirmière de 27 ans loua la petite maison qui abritait l’Hôpital Sainte-Marie, maison qui appartenait à Mme Laura Plamondon Rinfret.

Devenant responsable le 30 juin à minuit, elle dut elle-même accoucher sa première patiente, Mme Angéline Gingras, aucun médecin n’étant disponible.

De 1956 à 1959, elle assumera toute seule les tâches reliées à la maternité, de l’examen gynécologique jusqu’à l’anesthésie, décidant elle-même du moment où il fallait appeler le médecin qui viendrait procéder à l’accouchement.

Une photo célèbre : Garde Julien portant un nouveau-né dans ses bras, à la maternité de Saint-Raymond. Crédit: Courtoisie

Les docteurs Octave Moisan, Yvan Jinchereau et Claude Denis étaient les principaux médecins qui procédaient aux accouchements.

Grâce à ce service médical de première importance, les femmes n’étaient plus obligées d’accoucher à la maison comme le voulait la coutume.

Malgré cette avancée importante, au début Mme Julien ne reçut que cinq ou six patientes par mois.

Son dévouement et sa réputation firent bientôt passer le nombre d’accouchements de 25 à 30 par mois.

En 1957, M. le curé Georges-Marie Bilodeau dota le petit hôpital d’un premier incubateur.

Pendant cette période, Françoise Julien Roberge s’investit jour et nuit sept jours par semaine à prodiguer les soins nécessaires aux femmes et enfants.

L’hôpital ferme ses portes en 1959, et Garde Julien va alors prendre en charge la maternité de 20 lits du nouvel hôpital de Saint-Raymond.

Seule infirmière diplômée de l’hôpital, elle y réside et y exerce la garde 24 heures par jour, sept jours par semaine.

De l’approvisionnement du matériel médical jusqu’à la formation des nouveaux employés de plus en plus nombreux, elle assure la coordination du service de maternité.

Françoise Julien portant la coiffe d’infirmière de l’Hôpital Sainte-Jeanne-d’Arc de Montréal où elle a appris son métier d’infirmière. Crédit: Courtoisie

Avec la croissance de l’établissement hospitalier, elle accepte d’assumer la direction des services infirmiers, ce qui impliquait notamment l’achat et la distribution des médicaments et du matériel médical, l’embauche du personnel infirmier et auxiliaire, de même que des préposées. Elle a ainsi exercé la plupart des tâches requises au bon fonctionnement de l’hôpital.

De 1975 jusqu’à la fin de sa carrière, elle œuvre auprès de la clientèle des soins de longue durée. Elle prend sa retraite en 1988, après plus de 30 années consacrées au service des autres.

En mars 2015, le pavillon Yvan Jinchereau est renommé pavillon Yvan Jinchereau / Françoise Julien Roberge, afin de souligner sa contribution exceptionnelle.

Pour le maire Daniel Dion, également président du comité de citoyens pour la sauvegarde et le rétablissement des soins de santé dans Portneuf, Françoise Julien Roberge est une grande pionnière. « Je pense que c’est un exemple de don de soi, elle s’est dévouée jour et nuit. Pour accoucher des femmes, il faut que tu sois là jour et nuit, sept jours par semaine, tu ne sais pas quand ça arrive ».

« Garde Julien » aurait participé à environ 4000 accouchements.

Photo principale: Lors de l’hommage qu’on lui a rendu en 2015, Françoise Julien avec ses enfants Marco et Manon Roberge. Crédit: Archives InfoPortneuf.

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