Un dixième FFPE à la hauteur des attentes

Un dixième FFPE à la hauteur des attentes

Avec le lot de nouveautés qu’il a offert aux curieux et les heureuses traditions qu’il a fait se perpétuer, le dixième Festival de films de Portneuf sur l’environnement (FFPE) fut certes un rendez-vous qu’il a fait bon vivre, du 19 au 27 avril. Entre autres visages où il a fait pousser un sourire, mentionnons celui de Patrick Bouchard, réalisateur à qui le jury a remis le grand prix pour son film Bydlo.

 
Inspiré de la musique du compositeur russe Moussorgski, le court métrage d’animation qu’est Bydlo est l’un des trois films que le FFPE a retenu pour sa sélection Agriculture. Ceux qui ont eu la chance de le voir vous diront qu’il met en scène un bœuf dont le triste destin est de finir dévoré par une peuplade à la fois avide et querelleuse. Bien que puissante, la bête en question, soumise au double joug de son attelage et de l’humanité, ne peut rien contre l’insatiabilité de cette dernière. Bouchard en a certainement fait réfléchir plus d’un avec cette fiction qui, malheureusement, ressemble beaucoup à la réalité.
 
Au terme de la compétition internationale de films tenue lors du FFPE, bien d’autres prix ont été décernés par le jury composé de Geneviève Bilodeau, Bruno Boulianne, Marie-Ève Leclerc, Suzanne Allaire et Danièle Noreau. Avec La mort est dans le pré, Eric Gueret a décroché le prix du film étranger, avec L’escouade à la rescousse, l’École la Morelle de Saint-Ubalde a mis la main sur le prix de la relève et, en plus du grand prix, Patrick Bouchard a reçu le prix artistique québécois pour la qualité esthétique de l’ensemble de Bydlo.
 
Aussi invité à se prononcer, les festivaliers ont complété des bulletins de vote tout au long du Festival. Lors de la soirée de clôture, Christian Mathieu Fournier a eu l’honneur de recevoir le prix du public pour L’Ange des Grondines, un documentaire qui ne peut que charmer ceux à qui il fait découvrir Joseph Étienne. Quant à D’hier à aujourd’hui, film qu’on doit à des élèves de l’École le Bateau Blanc de Saint-Casimir, il s’est mérité rien de moins que le prix du public pour la relève.
 
Bien que les organisateurs du FFPE aient eu à conjuguer avec un humble budget, cette année, on peut certainement affirmer qu’ils ont su relever avec brio le défi de faire passer à l’histoire la dixième édition de ce grand événement printanier. Spectateurs, réalisateurs, partenaires et bénévoles ont tous répondu nombreux à l’invitation du directeur artistique Léo-Denis Carpentier et des membres de son équipe. Tous vous donnent d’ailleurs rendez-vous pour l’année prochaine!
 
Au www.ffpe.ca, vous trouverez évidemment plus d’information sur les nombreuses activités qui ont été tenues à Saint-Casimir, du 19 au 27 avril. Plantation d’arbre pour le Jour de la Terre, conférence sur le bâtiment durable, projections diverses, Kabaret Kino St-Kazimir, lancement du livre La permaculture, une brève introduction, ateliers scolaires, présence d’Arrivière… tout y est!
 
Le cosaque et la gitane
 
Le samedi 27 avril, malgré le soleil radieux qui brillait l’extérieur, c’est dans un hôtel de ville bondé à souhait que Le cosaque et la gitane a été présenté au public du FFPE. Fruit d’un travail de longue haleine, ce premier long métrage de la réalisatrice grondinoise Nadine Beaudet a donc vu de nombreux curieux plonger dans l’univers méconnu des immigrants slaves en Abitibi.
 
Plus précisément, c’est dans l’intimité de Lev Chayka et de Régine Gabrysz, soit le cosaque et la gitane, que Beaudet a permis à tous de jeter un œil. Âgés de près de 90 ans, ces deux êtres étonnants comptent parmi les « derniers des premiers » arrivants immigrants en Abitibi. Alors que Lev vient d’Ukraine, c’est en Union soviétique que Régine a grandi. Témoins des guerres et des dictatures qui ont marqué l’Europe de l’Est, ils vivent désormais à Val-d’Or.
 
L’homme d’Église qu’est Lev, entre autres choses, milite pour faire reconnaître la présence ukrainienne en Abitibi. Pour de nombreux mineurs, pour les pauvres victimes des camps de concentration dont plusieurs aimeraient effacer le souvenir et pour tous ses semblables, c’est avec la détermination d’un chevalier cosaque qu’il poursuit ainsi sa propre quête identitaire. Quant à la polyglotte Régine, une femme aussi mystérieuse qu’attachante, elle a été la « maman » et l’interprète de nombreux immigrants. Fort excentrique, elle vit de souvenir en souvenir, de chanson dansante en blessure toujours vive malgré le temps qui passe. Elle vit d’ailleurs aujourd’hui entourée de « ses revenants » et des histoires qu’elle a vécues avec eux.
 
Si on se lance dans Le cosaque et la gitane sans trop savoir à quoi s’attendre, on en ressort certainement avec l’envie de pallier cette méconnaissance que nous avons de l’immigration slave en Abitibi. Questionnée à ce sujet au terme de la projection de son documentaire, Nadine Beaudet a avoué qu’elle n’y connaissait elle-même rien avant de rencontrer le Père Lev Chayka dans un autobus qui devait la mener en Abitibi, il y a de cela quelques années.
 
Bien que douloureux à encaisser, le résultat du grand voyage qu’a fait Nadine Beaudet avec Le cosaque et la gitane mérite très certainement les honneurs dont on l’a couvert lors des Rendez-vous du cinéma québécois 2013. Rappelons que la réalisatrice y a reçu le prix Pierre-et-Yolande-Perreault, lequel est décerné au cinéaste de la meilleure première ou deuxième œuvre documentaire.
 
Pour plus de détails, nous vous invitons à visiter le www.lesvuesdufleuve.com. Sur ce site, vous trouverez également plus de détails sur L’Ange des Grondines (prix du public lors du FFPE). 

Nadine Beaudet, à qui on doit Le cosaque et la gitane, a vu son premier long métrage être applaudi fort longuement, samedi après-midi. Visiblement, le public a adoré être plongé dans l’univers des immigrants slaves en Abitibi, notamment dans les mémoires du Père Lev Chayka et de l’étonannte Régine Gabrysz.

Régine Gabrysz, ou la gitane, est certes une dame aussi mystérieuse qu’attachante.

Avant la projection du documentaire Le cosaque et la gitane, neuf petits films de la sélection Relève ont été offerts au public. Plusieurs ont été réalisés grâce à a collaboration de Michel Gauthier (Cinécole).
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